Lorsque le personnel infirmier doit naviguer entre l’application des lois et la reconnaissance des droits en santé mentale
Résumé de l’activité
Le recours aux mesures d’admission et de traitements involontaires est une réalité unique à la pratique infirmière en santé mentale. L’utilisation de ces mesures est en augmentation constante depuis les dernières années au Québec, au Canada et à l’échelle internationale. Leur mise en œuvre a pour conséquences de limiter l’autonomie des personnes qui en font l’objet, en plus d’entraîner plusieurs enjeux corollaires. Bien qu’elles soient parfois nécessaires, ces mesures exceptionnelles ont un caractère anxiogène et traumatique, peuvent fragiliser l’alliance thérapeutique et contribuer à la détresse psychologique du personnel infirmier.
Cette activité scientifique permettra d’explorer ces enjeux en croisant la perspective des personnes vivant avec un problème de santé mentale et des intervenants de la santé. Nous présenterons les résultats issus de deux projets de recherche réalisés en contexte de coercition psychiatrique et dont les perspectives théoriques utilisés découlent des théories critiques et poststructuralistes. À l’aube d’une réforme importante du droit psychiatrique au Québec, ces résultats décriront ce qui caractérise l’expérience de la coercition en santé mentale. Ils feront également état de la fragilité et de l’exigence de mieux soutenir le développement des pratiques de soutien à l’exercice des droits. Nous discuterons finalement de la pertinence des perspectives critiques en recherche – trop souvent peu mobilisées en sciences infirmières – afin de mettre l’emphase sur les dimensions cliniques, éthiques et sociopolitiques associées à l’utilisation courante et croissante des mesures coercitives en santé mentale.
Objectifs de l’activité
- Discuter des enjeux associés à la violation, la reconnaissance et au soutien à l’exercice des droits humains en santé mentale
- Comprendre comment le recours aux mesures d’admission et de traitements involontaires en psychiatrie affecte les personnes vivant avec un problème de santé mentale et le personnel soignant
- Identifier ce qui caractérise les pratiques d’intervention lors de la mise en œuvre de mesures coercitives en psychiatrie
Animateurs de l’activité
Pierre Pariseau-Legault, inf., PhD, est professeur agrégé au département des sciences infirmières de l’Université du Québec en Outaouais. Il possède une expertise en soins infirmiers médico-légaux et s’intéresse également à la judiciarisation des problèmes sociaux. Il enseigne la psychiatrie, l’intervention en situation de crise et l’éthique clinique aux futures infirmières et infirmières praticiennes spécialisées. Les recherches du professeur Pariseau-Legault portent sur la mise en œuvre des droits humains, la gestion du risque et l’adaptabilité des pratiques d’intervention dans le domaine de la santé, particulièrement en contexte de désaffiliation sociale. Il participe activement à plusieurs initiatives de recherche nationales et internationales portant sur les pratiques d’intervention auprès des personnes en besoin de protection. Il est chercheur au Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS) et au Centre de recherche de l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel.
Etienne Paradis-Gagné, inf., PhD, est professeur adjoint à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. Il est chercheur boursier junior 1 au Fonds de recherche en santé du Québec (FRQS). Les travaux de recherche d’Etienne Paradis-Gagné s’inscrivent dans le domaine des soins infirmiers médico-légaux et de la pratique infirmière en santé mentale. Il s’intéresse particulièrement à l’interaction entre les milieux de la santé mentale et de la justice (phénomène de judiciarisation) et aux enjeux cliniques et éthiques qui y sont associés. Il s’intéresse également aux notions de vulnérabilité sociale et à la pratique infirmière auprès des personnes en situation d’itinérance (pratique de proximité). Il est chercheur au Centre de recherche de l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel et au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CRIUSMM).
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