C’est avec plaisir que nous vous partageons cette invitation (voir ci-dessous) de la part de l’Institut des services et des politiques de la santé des IRSC à participer une séance de consultation auprès de personnes du Québec sur la planification stratégique de l’Institut.
Session ouverte à toutes et tous! Chercheur-e-s, décideur-e-s, patient-e-s et clinicien-ne-s : l’Institut souhaite vous entendre sur les besoins, les lacunes et les occasions de l’heure en matière de recherche sur les services et les politiques de santé.
Invitation : Séance de consultation sur la planification stratégique de l’Institut des services et des politiques de la santé des IRSC – Québec
Mercredi 25 novembre, de 12 h à 1 h 30 HNE (sur Zoom, s’inscrire ici)
Avis au milieu de la recherche sur les services et les politiques de santé
Nous travaillons à l’élaboration du prochain plan stratégique quinquennal de l’Institut des services et des politiques de la santé des IRSC (ISPS des IRSC). Afin de comprendre les besoins, les lacunes et les occasions de l’heure en matière de recherche sur les services et les politiques de santé, nous tiendrons une série de séances de consultation, un élément clé du processus de planification.
L’une de ces séances aura lieu virtuellement auprès du Québec, le 25 novembre prochain, de 12 h à 1 h 30 (HNE). Nous vous invitons à vous joindre à nous, à rencontrer l’équipe de l’ISPS des IRSC ainsi que les membres du conseil consultatif de l’Institut, et à nous aider à définir les orientations stratégiques et les priorités de recherche qui aideront les chercheurs du domaine à relever les plus grands défis auxquels fait face notre système de santé. Votre opinion est importante : participez à la discussion.
Nous sommes impatients à l’idée de collaborer avec vous. Veuillez adresser toute question à Emma Kaplan, agente des communications et des événements de l’ISPS ().
Meilleures salutations,
Rick Glazier Rick Glazier, M.D., MSP, CCMF, FCMF Directeur scientifique Institut des services et des politiques de la santé, Instituts de recherche en santé du Canada Scientifique chevronné, Institut de recherche en services de santé Chercheur, Map Centre for Urban Health Solutions, Hôpital St. Michael Professeur, Département de médecine familiale et communautaire, Université de Toronto
Bien avant la pandémie à COVID19, plusieurs pharmacies utilisaient déjà la technologie et les réseaux sociaux pour se connecter avec les patients, entre autres par l’entremise de la plateforme Question pour un pharmacien.
Créée en 2016 par un pharmacien œuvrant en milieu hospitalier, cette plateforme permet à un nombre croissant de patients d’obtenir une réponse fiable au sujet de leur santé ou de leurs médicaments par le biais d’une téléconsultation avec un pharmacien communautaire de leur région respective.
Malgré le fait que la plateforme était en ligne depuis plus de 2 ans, très peu de choses étaient connues à son sujet, notamment ce qui motivait quelques 250 pharmaciens à y participer et la perception des patients au sujet de ce service.
Le but de cette étude était d’apporter des connaissances au sujet de la plateforme, de ses usagers et de ses retombées afin d’informer le déploiement à plus large échelle du service au Québec.
Par le biais de sondages post-téléconsultation envoyés aux patients, de questionnaires avec des pharmaciens inscrits sur la plateforme, et d’entrevues semi-dirigées avec des pharmaciens non-inscrits et d’autres professionnels de la santé, l’équipe de recherche a réussi à colliger une quantité appréciable d’information au sujet de la plateforme. De plus, un atelier délibératif tenu à Québec en 2019 avec des décideurs du secteur des soins de santé québécois a permis de valider les résultats observés et de dégager des recommandations sur son déploiement.
Données qualitatives
Un professionnel de l’équipe de recherche a mené des entrevues individuelles semi-structurées par téléphone avec 8 patients utilisateurs et 21 professionnels de la santé (utilisateurs et non-utilisateurs) dans le but d’explorer des thèmes spécifiques tels que l’utilité perçue et les retombées potentielles de la plateforme. Les entretiens ont été transcrits et une analyse de contenu thématique a été réalisée.
Les participants ont mentionné que la plateforme était simple à utiliser, utile et accessible. Ils ont également perçu qu’elle promouvait la visibilité et la valeur des pharmaciens et permettait de mieux comprendre le rôle du pharmacien, parfois méconnu du public.
Certains participants ont mentionné avoir des réserves quant au délai de réponse, qui peut parfois atteindre 24 heures, quand les questions reçues nécessitent une attention immédiate. En somme, les perceptions des utilisateurs et des non-utilisateurs étaient pour la plupart positives et suggéraient que la plateforme puisse être présentée comme un outil complémentaire pour les patients.
Données quantitatives
À l’été et l’automne 2018, une enquête de satisfaction par sondage en ligne a été menée auprès des patients et des pharmaciens qui ont utilisé au cours des récentes semaines la plateforme pour décrire leur expérience et leur satisfaction à l’égard de la plateforme et explorer l’utilité perçue de ce service dans la province de Québec.
Au total, ce sont 53 patients et 27 pharmaciens qui ont répondu au sondage, ce qui équivaut à des taux de participation de 21,5 % et de 71,1 %, respectivement. La plupart (96,2 %) des patients étaient satisfaits ou très satisfaits de leur expérience avec la plateforme, ont déclaré que cela répondait à leur besoin (88,7 %) et ont convenu qu’ils n’auraient pas à consulter à nouveau sur le sujet discuté avec le pharmacien (75,5 %).
La principale motivation des pharmaciens à s’impliquer sur la plateforme était de répondre aux besoins des patients (85,1 %), de promouvoir leur profession (55,6 %), d’améliorer l’utilisation des médicaments dans la population (55,6 %) et d’accroître l’accessibilité à un pharmacien (51,9 %). Il a également été trouvé dans le cadre de cette étude que certains patients s’étaient rendus à la pharmacie après la téléconsultation. Les développeurs de la plateforme ont, depuis, initié des démarches promotionnelles auprès de nouveaux pharmaciens sur la base que l’implication sur la plateforme pourrait permettre l’acquisition d’une nouvelle clientèle. Cela a permis de faire grimper à 400 le nombre de pharmaciens connectés en septembre 2020
Quelques mots sur les implications d’être connectés sur la plateforme pour les pharmaciens
Les pharmaciens inscrits sur la plateforme engagent leur propre responsabilité quand il s’agit de répondre aux questions des patients, de la même manière qu’ils le font lorsqu’ils répondent aux questions reçues par téléphone. Leur assurance professionnelle couvre leurs activités, qu’elles soient réalisées sur le web ou au téléphone.
Afin de garantir que chaque rencontre entre patients et pharmaciens, sur la plateforme, est sécurisée et confidentielle, tous les renseignements personnels des patients sont hébergés au Canada et sont exclusivement accessibles après que le pharmacien se soit connecté sur la plateforme. Des courriels de notification sont envoyés aux pharmaciens pour les informer qu’une nouvelle question a été reçue. Les pharmaciens peuvent décider de la nature et de la quantité de courriels reçus.
Cinq pharmacies reçoivent le courriel au même moment pour les informer d’une nouvelle question. Le pharmacien le plus rapide est celui qui aura la chance de se connecter au patient. Le patient peut également choisir sa pharmacie pour poser sa question, dans quel cas seuls les pharmaciens de cette pharmacie reçoivent le courriel de notification.
Par l’entremise de l’outil développé par Question pour un pharmacien pour mesurer automatiquement certains issus suite à la téléconsultation (voir avancement technologique), il a été trouvé qu’environ 1 patient sur 5 avec lequel un pharmacien entre en contact via la plateforme passe à la pharmacie dans les heures qui suivent la téléconsultation.
Déploiement post-étude
Comme une proportion considérable (75,5 %) des patients ont mentionné qu’ils n’avaient pas eu à consulter à nouveau après avoir discuté en ligne avec le pharmacien, l’équipe de Question pour un pharmacien a initié des discussions avec des gestionnaires de cliniques médicales et des CIUSSS dès l’été 2019 pour discuter de la possibilité de promouvoir la plateforme par le biais d’affiches sur les téléviseurs et les murs des salles d’attente. Le but de cet affichage était d’inviter la population à poser leurs questions au sujet de la médication aux pharmaciens, maintenant qu’ils pouvaient le faire pendant qu’ils attendaient leur rendez-vous via leur téléphone intelligent.
55 cliniques médicales et 5 CIUSSS ont débuté l’affichage de la plateforme sur la base des données générées par l’étude. Les gestionnaires de ces établissements reçoivent depuis un rapport mensuel sur le nombre de patients-utilisateurs de la plateforme dans leur région.
À l’été 2020, Question pour un pharmacien a également été sélectionné par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et le ministère de l’Économie et de l’Innovation pour prêter main forte aux équipes de la première ligne en lien avec la pandémie de la COVID19. Depuis le 8 septembre 2020, les équipes d’infirmières de 3 centrales d’appels d’Info-Santé du Québec peuvent rediriger les appels reçus au sujet des médicaments (4 % de tous les appels) vers le réseau de Question pour un pharmacien, afin de pouvoir se concentrer sur les questions exigeant une évaluation et leur expertise. Ce projet pilote d’une durée de 4000 redirections s’inscrit dans un nouveau projet de recherche dans lequel interviennent 3 chercheurs du crCHUM. Ces chercheurs évalueront la faisabilité d’un tel corridor numérique entre le 8-1-1 et le réseau Question pour un pharmacien, telle que perçue par les infirmières et les pharmaciens utilisateurs.
Avancements technologiques au niveau de la plateforme post-étude
Les données qualitatives et quantitatives générées par le biais de l’étude financée par Réseau-1 Québec ont permis d’améliorer la plateforme de Question pour un pharmacien de façon significative, selon l’équipe de développeurs et de propriétaires. D’abord, des améliorations significatives ont été apportées à la plateforme en janvier 2019. Ces améliorations permettent à un plus grand nombre de patients d’être en mesure de poser une question via la plateforme en simplifiant les étapes pour y arriver. Ensuite, le sondage post-téléconsultation qui était envoyé manuellement à tous les patients a servi de base pour une nouvelle fonctionnalité lancée en novembre 2019 sur la plateforme. Cette fonctionnalité permet de recueillir, de façon automatisée, le degré de satisfaction et une rétroaction écrite des patients sur la téléconsultation avec le pharmacien. Cette donnée est ensuite fournie au pharmacien ayant répondu à la question. Le but de cette approche est de permettre aux pharmaciens de savoir si leurs interventions ont plu aux patients et ainsi de s’améliorer. Cela permet également au pharmacien de savoir si le patient a dû consulter ailleurs après l’intervention ou s’il s’est rendu à la pharmacie (voir figure 1).
Mais l’amélioration la plus significative ayant été engendrée par les données issues de l’étude est certainement l’inclusion prochaine d’autres professionnels de la santé sur la plateforme. Cette évolution est prévue pour la fin de l’année 2020 et sera liée à un changement de nom et d’image pour la plateforme (Question pour un pro). Tous les professionnels de la santé faisant partie d’un ordre professionnel et ayant un intérêt pour l’acquisition de clientèle ou le gain en visibilité que permet la plateforme pourront s’y inscrire.
Pour arriver à fournir à la population canadienne une plateforme «tout-en-une», l’équipe de Question pour un pharmacien travaille activement à catégoriser toutes les téléconsultations réalisées depuis 2018 sur la plateforme. L’objectif est d’entraîner un algorithme qui permettra d’identifier le ou les professionnels à qui la question doit être envoyée en fonction des mots employés par le patient au moment de la poser sur la plateforme. Cela s’inscrit dans les efforts collectifs de réduction des déplacements et du risque d’infection à la COVID19, alors que la deuxième vague est bien arrivée au Québec.
Alexandre Chagnon, pharmacien Fondateur, Question pour un pharmacien
“It was the best of times, it was the worst of times, … it was the spring of hope, it was the winter of despair.” – Charles Dickens, Tale of 2 Cities
Although we are still very much in the centre of the storm of the pandemic, it is important to begin a reflection on what we can learn about the foundations of our healthcare system from a policy perspective.
The COVID-19 pandemic has demonstrated a great deal that is positive about our healthcare system. Governments and political parties have generally put aside differences. Decisions are based on the best available public health counsel. Healthcare workers have responded with determination and self-sacrifice. Innovations are now rapidly being implemented. The population has generally followed the advice and the instructions from political and health authorities.
The most important factor is that Canada has a universal, single-payer healthcare system that is based on the notion that health is a social and societal value and not a market commodity. Each province is essentially one healthcare system capable of mobilizing human and physical resources. Canada has both excellent primary and specialty/hospital care with clearly delineated responsibilities.
Yet not all is perfect. The initial strategy to protect the hospital system has been successful. But it is the deplorable situation of older persons in nursing homes (NH) and residences that has been the most striking.
It is tragic but not surprising that the vast majority of deaths are found in very vulnerable older persons in NH and residences. However, it is heartbreaking to witness older people living and dying in unacceptable conditions, cut off from their families, cared for by poorly protected, overwhelmed and under-resourced staff.
This devastating pandemic has evolved very rapidly and there is little precedent on which to make key decisions. However, there are structural factors that help explain why we have generally succeeded in controlling the crisis in hospitals but much less so in other parts of the healthcare system.
Our healthcare system is less universal and comprehensive than it should be. While hospital and medical services are covered with no out-of-pocket payment, community and institutional long-term care (LTC) can be described as simultaneously both universal and selective with both public coverage and private payment with ambiguous public/private relationship.
The present crisis demonstrates the impact of policies adopted by successive governments over many years.
Budgetary planning is based on having just enough human and material resources, with no reserve or margin for maneuver. For example, hospital beds are always filled beyond 100% capacity. The impact of sub-optimal financing is felt most in LTC institutions, many with obsolete buildings, where reduction of services has led to pathetic debates about a second bath per week.
The rapidly increasing number of COVID-19 cases in Montreal’s poorest neighbourhoods brings to mind the recent 30% cut in Quebec’s public health budget.
Successive governments decided that efficiency required very strong centralization and top-down micro-management. In most provinces, essentially all healthcare boards have been abolished with massive mergers resulting in the disengagement and a loss of sense of belonging by communities and staff. This has led to the inability to adapt to local needs and to react to crises.
After the pandemic, the population will expect that we draw the valuable lessons learned. Key issues include:
Healthcare expenses promoting high quality care and robust public health are investments contributing to both the well-being of the population and the growth and protection of the economy.
Homecare and LTC, as well as community services such as dentistry, rehabilitation, psychology and social services are as integral a part of public healthcare as medical and hospital services.
A strong healthcare system is anchored in local governance with population and community engagement.
The COVID-19 crisis has provided us with a unique opportunity to organise serious and transparent public discussion on the foundations of our healthcare system. There are no simple solutions. But we can work towards changing the paradigm.
Howard Bergman MD, FCFP, FRCPC, FCAHS is Professor of Family Medicine, McGill University. He was a member of the Clair Commission (2000) and author of the Quebec Alzheimer Plan (2009).
L’appel à candidatures pour le programme TUTOR-PHC est maintenant ouvert. La date limite pour postuler est le 30 novembre 2020. Encore une fois cette année, le Réseau-1 Québec offre des bourses pour y participer!
TUTOR-PHC : en quoi ça consiste? Le Réseau-1 Québec est fier partenaire de ce programme de certificat novateur d’un an (mai 2021 à avril 2022) qui vise à renforcer les compétences en recherche en santé primaire interdisciplinaires des jeunes chercheurs-es, des cliniciens-nes et des décideurs-es. Le programme comprend :
Un symposium sur place au printemps 2021(*peut être virtuel en raison de la COVID-19).
Deux ateliers en ligne de trois semaines chacun (juin et novembre).
Deux groupes de discussion interdisciplinaires en ligne (semaines chacun).
Du mentorat de la part de chercheurs-es et décideurs-euses expérimentés-es en recherche interdisciplinaire.
Qui est accepté par TUTOR-PHC? Le programme est ouvert aux étudiants-es gradués-es, aux stagiaires postdoctoraux, aux cliniciens-nes en milieu de carrière et aux décideurs-euses œuvrant dans les services de première ligne.
Pourquoi postuler à TUTOR-PHC?
Pour avoir accès à un programme de formation de haute qualité, y compris un symposium intensif d’une semaine.
Pour avoir la possibilité d’obtenir des crédits universitaires et des crédits FMC.
Pour bénéficier de rétroaction sur vos propres projets de recherche.
En tant que décideur-euse ou clinicien-ne, vous pourrez améliorer vos compétences en recherche pour renforcer votre capacité à prendre des décisions éclairées par les données probantes.
Pour contribuer à la création dans votre organisation d’une culture de prise de décision fondée sur les données probantes.
Pour développer votre confiance à travailler en équipe de recherche interdisciplinaire.
Pour obtenir du mentorat de la part de chercheurs-es et de décideurs-es expérimentés-es.
Pour profiter d’opportunités de réseautage avec plus de 200 anciens boursiers-ères et mentors de partout au Canada.
Coût : 3000$ par participant, incluant les frais de transport et d’hébergement au symposium.
Cette année, le R1Q offrira une bourse de 1000$ par participant sélectionné du Québec (maximum : 4 bourses).
Veuillez noter qu’un formulaire d’inscription devra être soumis avant le 9 novembre à 23 h 59.
Ce concours vise financer des équipes qui souhaitent élaborer un protocole de recherche de type « recherche 3.0 » pour évaluer l’implantation d’une innovation ou d’un changement dans la prestation de services dans les milieux cliniques associés aux réseaux de recherche axée sur les pratiques de première ligne (RRAPPL), en vue d’améliorer la qualité et l’intégration des soins pour les patient(e)s.
Pour être éligible, vous devez être membre du Réseau-1 Québec avec un profil de membre à jour. Si vous n’êtes pas déjà membre, vous pouvez vous inscrire ici. C’est rapide et gratuit!
Le Réseau-1 Québec lance une nouvelle série de balados (podcasts) – Première ligne / Frontlines– où nous explorons les données probantes pouvant servir à soutenir les pratiques en soins primaires. Dites-nous ce que vous pensez de nos premiers épisodes!
La série est destinée principalement aux cliniciens-nes et résidents-es de première ligne. Cette série a comme objectif de stimuler l’intérêt et de renforcer les compétences en médecine fondée sur les preuves et études scientifiques.
Nous vous invitons à écouter un ou plusieurs épisodes, et à répondre à un court sondage(5 min, disponible en français et en anglais) pour nous aider à cerner les besoins existants et à bonifier la formule actuelle.
N’hésitez pas à transmettre ce message à vos collègues !
Merci de répondre au sondage avant le 1er décembre 2020.
“It was the best of times, it was the worst of times, … it was the spring of hope, it was the winter of despair.” – Charles Dickens, Tale of 2 Cities
Alors que nous sommes encore au cœur de la tempête, il me semble important de réfléchir dès maintenant aux leçons que nous pouvons tirer pour améliorer les bases de notre système de santé.
La pandémie de COVID-19 a souligné plusieurs aspects positifs de notre système de santé. Les gouvernements et les partis politiques ont généralement mis de côté leurs différends. Les décisions sont fondées sur les données disponibles les plus fiables en santé publique. Les travailleurs de la santé réagissent avec abnégation. Les innovations sont rapidement mises en œuvre. On observe un niveau élevé de solidarité sociale.
Cela peut s’expliquer par le fait que le Canada dispose d’un système de santé universel à payeur unique qui repose sur la notion suivante : la santé est une valeur sociale et non une denrée marchande. Chaque province comporte un système de santé intégré capable de mobiliser des ressources humaines et physiques. Il existe des structures solides de soins primaires et spécialisés.
Pourtant, tout n’est pas parfait. La stratégie initiale visant à protéger la structure hospitalière a fonctionné. Mais ce sont les conditions déplorables des personnes âgées dans les CHSLD et les résidences qui nous ont heurtés de plein fouet.
Il est tragique, sans être surprenant, que la grande majorité des décès dus aux coronavirus se produisent chez les personnes très vulnérables des CHSLD et des résidences. Il est surtout déchirant de les voir vivre et mourir dans des conditions inacceptables, coupées de leur famille, puis inhumées sans accompagnement; soignées par du personnel débordé, mal protégé et à court de ressources.
Il ne fait aucun doute que cette crise est dévastatrice. Toutefois, il existe des facteurs structurels qui expliquent pourquoi nous avons réussi à maîtriser la crise dans le réseau hospitalier, mais beaucoup moins dans d’autres secteurs.
Notre système de santé n’est pas aussi universel et complet qu’il devrait l’être. Alors que les services hospitaliers et médicaux sont couverts sans besoin de payer de sa poche, les soins de longue durée communautaires et institutionnels sont à la fois universels et sélectifs : ils combinent la couverture publique et la contribution privée.
La crise actuelle démontre également l’impact des politiques liées au financement, à l’organisation et à la gouvernance du système de santé, politiques adoptées par tous les gouvernements depuis de nombreuses années.
La planification budgétaire prévoit les ressources humaines et matérielles tout juste suffisantes à un système qui, par ailleurs, n’a ni réserve ni marge de manœuvre. Par exemple, les lits d’hôpitaux sont toujours occupés à plus de 100%. Le financement sous-optimal se fait surtout sentir dans les CHSLD où les conditions de vie donnent lieu à un débat pathétique sur la pertinence d’un deuxième bain par semaine. Dans de nombreux cas, les installations physiques sont obsolètes.
L’augmentation rapide des cas de COVID-19 dans les quartiers pauvres et densément peuplés de Montréal met en relief la récente réduction de 30 % du budget de la Santé publique au Québec.
Les gouvernements successifs ont décidé que l’efficacité exigeait une centralisation et une microgestion fortes. Les fusions massives des CISSS/CIUSSS ont entraîné le désengagement et la perte du sentiment d’appartenance des communautés et des travailleurs de la santé. Ces décisions ont conduit à l’incapacité des établissements à adapter leurs actions aux besoins locaux et ont réduit leur capacité à réagir aux crises.
À la fin de cette crise, la population s’attendra à ce que nous tirions des leçons précieuses de cette expérience. Voici quelques-unes des questions clés qui seront au centre du débat public:
Les dépenses en santé qui favorisent des soins de qualité et une santé publique robuste sont des investissements qui contribuent à la fois au bien-être de la population et à la croissance et la protection de l’économie.
Les soins à domicile et les soins de longue durée, ainsi que les services de proximité tels que la dentisterie, la réadaptation, la psychologie et les services sociaux font partie intégrante du système de santé public, tout comme les services médicaux et hospitaliers.
Un système de santé solide est ancré dans une gouvernance locale forte, avec un engagement et une responsabilisation de la population et de la communauté.
Il n’y a pas de solutions simples. Mais nous pouvons travailler à changer le paradigme du système de santé. La crise nous offre une occasion unique d’organiser une discussion publique sérieuse et transparente.
Howard Bergman, MD, FCFP, FRCPC, FCAHS est professeur de médecine de famille à l’Université McGill. Il a été membre de la Commission Clair (2000) et est l’auteur du Plan Alzheimer du Québec (2009).